« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » Je chanterai ses miséricordes !
Avec un demi-siècle de gloire cette année (comme le dit avec humour sœur Thérèse-Benoîte), je vous fais grâce de l’histoire détaillée de ma vie et me cantonne à la rencontre avec la Vierge Missionnaire… J’avais auparavant vécu 16 années dans une autre communauté, avec ses joies et sa croix. Je travaillais alors comme professeur des écoles à Crest, avec le sentiment d’une vie suspendue, sans issue. Clairement, j’attendais la mort. Néanmoins, le Seigneur veillait sur moi, plaçant des cœurs aimants sur ma route, douces lueurs dans l’enfer que je vivais.
J’avais découvert la communauté lors d’une veillée de prière et montais pour les journées spirituelles ; autant de bouffées d’oxygène qui me maintenaient en vie. Jusqu’au jour où, poussée intérieurement à offrir à Jésus la seule chose qui me restait, je décidai de poser cet acte au Carmel. C’était l’année de la Miséricorde. Ce fut une résurrection, un torrent impétueux de joie auquel je m’abandonnai avec délice. De la mort à la vie ! L’alléluia après le de profundis et la joie du Père.
Jubilant en contemplant une dernière fois ce lieu béni, j’entendis comme une voix intérieure : « C’est là. » Prêtant à peine attention, je redescendis dans la vallée et retrouvais mon quotidien tout coloré de vie nouvelle. Toutefois, les mots entendus diffusaient leur parfum en moi et remplissaient tout de bonne odeur. Le discernement débuta alors ; et Jésus confirma, puis écarta tous les obstacles, achevant par un miracle à l’inspection académique qui me libéra de mes obligations professionnelles et m’ouvrit enfin les portes du Carmel.
A mon arrivée le 4 octobre 2017, je n’imaginais rien de l’aventure à venir. Passionnée de montagne, je fus conviée à une randonnée intérieure. Jésus récapitula tout, visita les moindres recoins de ma vie, les transfigurant.
Il veut tout parce qu’Il se donne tout entier. Sa façon de purifier le temple que je suis, c’est de le guérir par sa bonté et sa miséricorde. Tout cela, je l’ai vécu au sein d’une vie fraternelle tissée par Marie, Vierge et Missionnaire, termes explicités dans cette alternance heureuse et féconde des deux dimensions de la contemplation et de la mission, notre respiration, vitale.
Le Seigneur écrit droit avec des lignes courbes. Dès le début, j’ai reçu St Elie comme mon père, lui le témoin de ma première rencontre avec le Dieu vivant, révélé comme Père aimant. J’ai retrouvé Sainte petite Thérèse, mon premier amour, Van qui avait fait irruption dans ma vie au moment où le monde dans lequel je vivais alors venait de s’écrouler. Progressivement, grâce à ce secret de la voie d’enfance mariale, Jésus m’a montré que tout me préparait pour le jour de mes vœux, bien plus, Il m’avait « faite pour ce jour ».
Ainsi, le 7 août (au plus près de la Transfiguration), par les mains de Marie, avec Lui, j’ai prononcé mes premiers vœux dans la communauté, sous le regard bienveillant de mes frères et sœurs émerveillés par la puissance infinie du Seigneur. Tout cela, dans une dépendance et une pauvreté radicales qui appellent le feu de l’Esprit sur le monde.
Avec St Elie qui m’a accompagnée de façon très spéciale les jours précédents, je veux proclamer : « Il est vivant le Seigneur en présence de qui je me tiens ! »
Sœur Claire-Elie du Cœur ouvert de Jésus en Croix et de la Transfiguration
Extrait de l’Avenir en Marie N°35, décembre 2021